Je tourne en rond, mais vers le haut

Je sens bien qu’elles sont là, tout près. Qu’elles ne demandent qu’à germer, à pousser, puis à fleurir.

Des idées. Mes idées. Pas des milliers, pas des centaines. Plutôt une petite dizaine. Certaines sont humbles, d’autres plus ambitieuses. Certaines prendront plus de temps que ce que j’envisage aujourd’hui, d’autres iront peut-être plus vite que prévu. Toutes ont le point commun de se trouver dans un état intermédiaire, pas encore solide. Plutôt entre le gazeux et le liquide. Elles sont bien là, pourtant. Je les sais, je les vis. Mais il m’est encore impossible de les toucher ou de les montrer.

Mes idées gazeuses et moi, on peine encore à cohabiter dans cet entre-deux. La patience n’étant toujours pas en passe de devenir ma meilleure amie, je piétine nerveusement dans cet inconfort qui m’apparait bien injuste. J’aimerais tellement que toutes soient en train de pousser à vive allure ! Telle une Manon de 6 ans lors des longs trajets menant aux vacances au bord de la mer, j’adresse régulièrement des « C’est quand qu’on arrive ? ». Cette fois, non pas à mes parents qui conduisent, mais en direction du ciel. Ou en louchant sur mes paumes, comme pour accélérer la concrétisation de ces idées qui fourmillent dans tout mon corps. Mais je ne reçois pas encore de réponse.

Tenter d’apprécier le cheminement que cela représente. Avec les hauts, les bas, les vides, les pleins, les doutes, les pleurs, les rires, l’euphorie qui accompagnent tour à tour ces pas. Très bien, j’essaie. Prendre le temps de vider mon sac à dos de ce qui me freine, me pèse et m’empêche encore de dégager la terre avec le sommet de mon crâne pour qu’enfin les pétales de mes idées profitent du soleil dont ils ont trop longtemps été privés. Regarder mon chemin non pas comme une ligne droite parfois dénivelée, mais comme une spirale qui monte vers le haut. Inlassablement, cela monte vers le haut. Je monte vers moi.

Me délester des notions de début, de milieu, de fin. M’autoriser à être dans le « tout à la fois ». Où ce ne sont ni les buts, ni les projets, ni même la reconnaissance qui font foi. Mais bien les « pourquoi ». Ces « pourquoi » qui me font minutieusement arroser les graines d’idées, même les jours où ma motivation, mon élan et ma confiance sont aussi arides qu’un désert. Ces jours où tout me semble inutile, déjà écrit, vain, déjà chanté, impossible, déjà vu.

Il m’est arrivé de rêver qu’un jour j’accomplirais des œuvres aussi grandioses et essentielles à mes yeux que Virginie Despentes, Elinor Ostrom, Hannah Arendt ou encore Vandana Shiva – entre autres. Du haut de mes 32 ans trois-quarts, je sais désormais que la plus belle œuvre que je peux réaliser est celle de devenir la première Manon Mariller à faire ce que je fais. Alors poussez, mes idées. Le monde nous attend.

Un avis sur « Je tourne en rond, mais vers le haut »

Répondre à solamriondel Annuler la réponse.